Buscar: en esta colección | en esta obra
Epistolario > Volumen 17 (Junio 1903 -... > Vol. 17 - carta 62

Datos del fragmento

Remitente BORIS DE TANNENBERG Destinatario MARCELINO MENÉNDEZ PELAYO Fecha 18 juillet 1903 Lugar 9, Rue d'Erlanger (XVIe), Paris

Texto

Volumen 17 - carta nº 62

De BORIS DE TANNENBERG
A MARCELINO MENÉNDEZ PELAYO

9, Rue d'Erlanger (XVI e ), Paris, 18 juillet 1903

Cher Monsieur et ami: Permettez-moi de vous répondre cette fois en français, car décidément on a bien assez des difficultés de sa propre langue, et prétendre écrire en une langue étrangère me semble aujourd'hui une coquetterie puérile et imprudente, qui oblige trop à renoncer à son style et son tour d'esprit personnel.

Je viens de recevoir la belle lettre que vous avez bien voulu m'écrire au sujet de mon livre, dont je pense que vous avez bien reçu l'exemplaire que je vous ai adressé à Madrid. J'ai été bien heureux de voir que vous avez senti tout ce que j'y ai exprimé de sympathie et d'estime pour votre pensée et votre glorieux talent. Et vous me dites les choses qui doivent m'être le plus sensibles: vous me rendez ce témoignage que j'ai donné de votre oeuvre une interprétation presque toujours exacte et que j'ai fait un effort méritoire pour en réduire à l'unité l'esprit et les tendances.

Laissez-moi vous dire aujourd'hui quelles joies littéraires vous m'avez procurées pendant les longues heures que j'ai consacrées à la lecture de vos livres. Je vous en dois une gratitude que j'ai exprimée encore trop faiblement, et vous avez influé plus que je ne saurais dire sur le développement de ma pensée, tantôt en lui ouvrant bien des horizons nouveaux, tantôt en l'excitant à la controverse et à l'effort personnel.

J'ai modifié sensiblement et complété mon étude sur Tamayo; j'ai presque entièrement écrit celle sur Pereda. Depuis longtemps je n'ai pas de nouvelles de notre illustre ami: j'espère qu'il est en bonne santé, et peut-être jugera-t-on en Espagne et à Santander que j'ai essayé de lui rendre dignement hommage et que j'ai loué avec une chaleur sincère la vigeur de son art et la noblesse de son inspiration.

Croyez encore, cher Monsieur et ami, à mes sentiments les plus dévoués et à ma bien vive admiration.

Boris de Tannenberg

TRADUCCION

Querido señor y amigo: Permítame contestarle esta vez en francés, porque decididamente ya hay bastantes dificultades en la lengua propia, y pretender escribir en una lengua extranjera me parece hoy una coquetería pueril e imprudente, que obliga demasiado a renunciar al estilo y al modo personal de expresarse.

Acabo de recibir la hermosa carta que Vd. me escribe a propósito de mi libro, del que pienso que ha recibido el ejemplar que le envié a Madrid. Me siento muy feliz de ver que Vd. ha apreciado todo lo que en él expresé de simpatía y de estima por su pensamiento y su glorioso talento. Y me dice Vd. las cosas que más me satisfacen: me confirma que he dado de su obra una interpretación casi siempre exacta y que he hecho un esfuerzo meritorio para reducir a unidad su espíritu y sus tendencias.

Déjeme manifestarle hoy las alegrías literarias que me ha procurado durante las largas horas que he dedicado a la lectura de sus libros. Le debo una gratitud que he expresado demasiado débilmente todavía, y no sabría decir cuánto ha influido Vd. en el desarrollo de mi pensamiento, ya sea abriéndole horizontes nuevos, ya excitándole a la controversia y al esfuerzo personal.

He modificado sensiblemente y completado mi estudio sobre Tamayo; he reescrito casi enteramente el estudio sobre Pereda. Hace mucho tiempo que no tengo noticias de nuestro ilustre amigo: espero que esté bien de salud, y quizá en España y en Santander se apreciará que he tratado de tributarle digno homenaje y que he alabado con un calor sincero el vigor de su arte y la nobleza de su inspiración.

Crea, querido señor y amigo, en mis sentimientos más afectuosos y en mi muy viva admiración.

Boris de Tannenberg

 

Notas