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Epistolario > Volumen 16 (Marzo 1901 -... > Vol. 16 - carta 13

Datos del fragmento

Remitente LÉO ROUANET Destinatario MARCELINO MENÉNDEZ PELAYO Fecha le 8 mars Lugar 88, Boulevard St. Germain, Paris

Texto

Volumen 16 - carta nº 13

De LÉO ROUANET
A MARCELINO MENÉNDEZ PELAYO

88, Boulevard St. Germain, Paris, le 8 mars [1901?] [*]

Cher maître. je vous remercie de votre affectueuse lettre, qui me fait tant d'honneur. Assurément la sympathie que vous avez bien voulu me témoigner en toute circonstance vous rend trop indulgent pour moi, et je sais bien hélas! que l'on ne peut publier 50.000 vers sans laisser échapper bien des erreurs. Mais j'ai du moins la conscience d'avoir fait de mon mieux, et d'avoir apporté à mon travail tous les efforts et toute l'attention dont j'était pas capable.

Si j'ai dit que l'on n'était pas'd'accord en Espagne sur la valeur du Códice, c'est que plusieurs semblent avoir pris à tâche, l'année dernière, de le dénigrer systématiquement davant moi. Or, vous savez que l'on prend toujours parti pour l'oeuvre que l'on édite. Il est bien évident, et tout le monde le comprendra, que cette opinion n'est pas celle(s) des esprits éclairés et pondérés. D'ailleurs, la manirèe dont je parle de Tapia, Pedroso, Cañete, et de vous, mon cher maître, ne laisse subsister aucun doute sur mes sympathies très réelles.

Il est possible que des imbéciles aient parlé ou parlent encore de la barbarie de l'Espagne. Si j'étais de ceux-là, je n'aurais pas consacré ma vie entière à étudier la littérature et l'art espagnols, les admirer sans restrictions et à les faire connaître dans la mesure, bien faible, il est vrai, de mes moyens. Les études espagnoles ne sont pas un thème que j'ai adopté de préférence à tel ou tel autre. J'y ai été amené par l'amour que m'inspira de tout temps votre pays et par l'estime que j'ai toujours professée pour le caractère chevaleresque et loyal de vos compatriotes.

Je comprends très bien que les critiques violentes de Mr. Foulché Delbosc aient froissé en Espagne certaines susceptibilités. Moi-même je ne saurais approuver sa violence, car je me suis toujours efforcé de chercher en un livre ce qu'il y a de bien, et non ce qu'il pourrait y avoir de mal. Mais vous ne m'en voudriez pas, par exemple, de publier un libre chez Murillo ou chez Fe, sous prétexte que vous êtes en délicatesse avec eux? La question est absolument la même.

Le soin que je prends de répondre à vos objections, d'ailleurs si bienveillantes, vous prouvera tout le prix que j'attache à votre opinion. Et vous voilà bien convaincu, j'en suis sûr, que si j'ai entrepris une publication si longue, si pénible et si coûteuse, c'est uniquement par suite de l'amour et de l'admiration que j'éprouve pour votre patrie.

Le tome II auquel vous voulez bien vous intéresser paraîtra, je suppose, en avril. Il y en a déjà 200 pages d'imprimées. Il me tarde d'en avoir fini avec cette correction quotidienne d'épreuves qui me fatigue beaucoup et va me priver de faire mon voyage de chaque printemps à Madrid. Je réparerai cela en séjournant plus longtemps en Espagne l'année prochaine.

je viens de lire le dernier volume de l'Antología. On ne saurait assez vous remercier d'avoir sauvé de l'oubli tant de beaux romances éparpillés dans des revues éphémrès, et qui sans vous se seraient perdus de nouveau. Tout le monde attend maintenant avec impatience votre étude sur les tomances.

Excusez moi, cher maître, d'avoir abusé si longtemps de vos instants précieux, et veuillez bien croire à l'admiration profonde et à la sincère sympathie de votre tout dévoué

Léo Rouanet

TRADUCCION

Querido maestro: Le agradezco su afectuosa carta, que tanto me honra. Sin duda la simpatía que ha querido testimoniarme en toda circunstancia le hace demasiado indulgente para conmigo, y yo sé muy bien, ay, que no se pueden publicar 50.000 versos sin que se pasen muchos errores. Pero por lo menos soy consciente de haber hecho lo mejor que he podido y de haber puesto en mi trabajo todos los esfuerzos y toda la atención de que era capaz.

Si he dicho que en España no se estaba de acuerdo sobre el valor del Códice, es porque son bastantes los que parecen haberse propuesto, el año pasado, denigrarlo sistemáticamente delante de mí. y Vd. sabe que uno siempre toma partido por la obra que edita. Es bien evidente, y todo el mundo lo comprenderá, que esta opinión no es la de espíritus ilustrados y ponderados. Por lo demás, la manera como yo hablo de Tapia, Pedroso, Cañete, y de Vd., mi querido maestro, no deja subsistir ninguna duda sobre mis auténticas simpatías.

Es posible que algunos imbéciles hayan hablado o hablen todavía de la barbarie de España. Si yo fuese uno de éstos, no habría consagrado mi vida entera a estudiar la literatura y el arte españoles, a admirarlos sin restricciones, y a darlos a conocer en la medida, bien escasa, es verdad, de mis medios. Los estudios españoles no son un tema que yo haya elegido con preferencia a tal o cual otro. He sido llevado a ellos por el amor que de siempre me inspiró su país de Vd. y por la estima que siempre he profesado al carácter caballeresco y leal de sus compatriotas.

Comprendo muy bien que las violentas críticas del Sr. Foulché-Delbosc hayan despertado en España ciertas susceptibilidades. Yo mismo no puedo aprobar su violencia, porque siempre me he esforzado en buscar en un libro lo bueno que hay en él, y no lo malo que podría haber. Pero Vd. ¿vería mal, por ejemplo, que yo publicara un libro donde Murillo o donde Fé, bajo el pretexto de que Vd. está enemistado con ellos? La cuestión es absolutamente la misma.

El cuidado que yo tomo en contestar a sus objeciones, por lo demás tan benevolentes, le probará todo el valor que doy a su opinión de Vd. y se convencerá, estoy seguro, de que si yo he emprendido una publicación tan larga, tan penosa y tan costosa, es únicamente por el amor y la admiración que tengo hacia su patria.

El tomo 2.º en que Vd. se interesa aparecerá, supongo, en abril. Ya hay doscientas páginas impresas. Se me retrasa demasiado el terminar con esta corrección diaria de pruebas que me fatiga mucho y que me va a privar de hacer el viaje de cada primavera a Madrid. Lo repararé permaneciendo más tiempo en España el año que viene.

Acabo de leer el último volumen de la Antología. No es posible agradecerle bastante el haber sacado del olvido tantos hermosos romances dispersos en revistas efímeras, y que sin Vd. se habrían perdido de nuevo. Todo el mundo espera ahora con impaciencia su estudio sobre los romances.

Perdóneme, querido maestro, por haber abusado tanto tiempo de su precioso tiempo y crea en la profunda admiración y en la sincera simpatía de su afectísimo

Léo Rouanet

 

Notas

[*] Según los datos internos.